chatriwalla

Voilà une question qui peut parraître bizarre.
Mais qui s’est posée aux pilotes au cours de cette saison de printemps à Bir.
Durant nos vols à répétition sur la ligne Mandi-Dharamsala nous avons rencontré de nombreux OVI (objets volants identifiés) .
Des vautours bien-sûr, de nombreuses races d’aigles, et…des myriades de papillons!
Pour les oiseaux à plumes, pas de doute possible, ils font du cross. Les vautours à la recherche de la charogne juste à point (deux ou trois jours de maturation minimum pour une digestion aisée), les aigles qui nous snobent et vaquent à leurs occupations de chasseurs migrateurs. Pas comme les charognards qui doivent reconnaître en nous des frères de galère et viennent volontiers nous faire un petit coucou.
LA question philosophique de ce printemps fût donc: et les papillons, sont ils emportés par le vent, tels un laché de ballons se baladant au grès du vent, ou ont-ils une destination préméditée?
Tout d’abord ont-ils le choix? Avec les quelques grammes de masse et les centimètres carrés de voilure dont ils disposent quelle est leur charge alaire? En kilos par mètres carrés, ou en grammes par milimètres carrés si l’on préfère.
On peut tout de suite dire qu’au départ ils ont deux options: voler si le vent les pousse dans la bonne direction ou rester accrochés à un brin d’herbe, une branche, en attendant des conditions plus favorables.
C’est le début d’un plan de vol…non?
Une fois en l’air, avec leurs battements d’ailes, ils atteignent une vitesse de…? 5, 10 km/h ?
Ce n’est pas très rapide, mais avec nos 40 km/h sommes nous en mesure de nous moquer?
Ensuite ils ont une faculté que nous n’avons pas, en se propulsant de leur voilure arachnéenne, ils peuvent monter! et sans thermiques s’il vous plaît!
Voici donc leurs possibilités de base: voler, pas voler; monter, descendre; avancer dans une certaine direction, pas vite mais avancer tout de même.
Toute la question est : ont-ils une destination inscrite dans leurs gènes comme les saumons?
L’intérrogation n’est pas uniquement scientifique, mais aussi philosophique, poétique, mystique.
Ont-ils suffisamment d’intelligence dans ce corps minuscule pour préméditer une destination et pourquoi se donneraient -t’ils toute cette peine pour se rendre à un endroit sur la route du quelle la majorité d’entre eux se perdent et meurent.
Les cols qui mènent aux hautes vallées de Lahoul, Spiti ou au Ladakh sont recouverts au printemps de milliers de papillons morts de froid, d’épuisement. ils parsèment la neige de leurs petits corps éphémères.
La réponse serait-elle uniquement gastronomique? Le nectar dont ils se nourrissent les obligent t-ils à voyager?
Ou pour se reproduire? leurs femelles sont-elles consentantes que dans certaines conditions, à certains endroits? Comme pour nous?

L’appel du travail bien fait peût-être? La polénisation des rares fleurs d’altitude n’est-elle pas une raison suffisante pour prendre tous les risques?
Nous volons bien pour notre petit plaisir perso sans même poléniser quoi que ce soit.
Je ne prétends pas avoir de réponse définitive, mais une chose est sûre, toutes les meilleures transitions, les thermiques les mieux établis, étaient parsemés de petits points blanc s’agitant jusqu’à plus pouvoir, et nous montraient La voie.
Et ce n’est par rien, se faire rassurer par un nuage de lépidoptère  le long des contreforts himalayens nous disant: » tu n’est pas perdu, suis-nous, tout va bien. » est plus apaisant que notre GPS nous indiquant toute sorte de chiffres déroutants.

La questions est ouverte à tous ceux qui pensent que ce genre d’introspection peut les aider à sortir…ouvert.

Volez haut, volez sûr, respectez la priorité avec les papillons.